22 avril 2020 ¡ª Alors que des laboratoires de recherche du monde entier tournent ¨¤ plein r¨¦gime pour d¨¦velopper un vaccin contre la COVID-19, l¡¯Organisation mondiale de la Sant¨¦ (OMS), agence sanitaire des Nations Unies, s¡¯appr¨ºte ¨¤ lancer une nouvelle ¨¦tude internationale destin¨¦e ¨¤ ¨¦valuer les candidats les plus probants.

T¨¦moin de cette effervescence, des chercheurs suisses de l¡¯Universit¨¦ de Berne ont annonc¨¦ mardi qu¡¯ils avaient bon espoir de d¨¦velopper les premiers un vaccin contre la maladie et de l¡¯inoculer ¨¤ la population helv¨¦tique d¨¨s le mois d¡¯octobre prochain. 

L¡¯attente est d¡¯autant plus forte qu¡¯un nombre croissant de pays et de territoires s¡¯efforcent de lever progressivement les mesures de confinement prises pour endiguer l¡¯avanc¨¦e du virus. Or, comme l¡¯a rappel¨¦ le 15 avril le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral de l¡¯ONU, Ant¨®nio Guterres, ? un vaccin s?r et efficace est le seul outil permettant un retour du monde ¨¤ un sentiment de normalit¨¦ ?.

Dans ce contexte, 130 scientifiques, m¨¦decins, bailleurs de fonds et fabricants impliqu¨¦s dans des groupes de travail de l¡¯OMS se sont engag¨¦s, dans une publi¨¦e le 13 avril, ¨¤ mettre ¨¤ profit le temps gagn¨¦ gr?ce aux mesures d¡¯intervention sur les populations pour ? mettre au point un vaccin dans les plus brefs d¨¦lais ?.

Vers un nouvel essai clinique de l¡¯OMS

Depuis le mois de janvier, l¡¯institution onusienne coordonne les recherches scientifiques visant ¨¤ acc¨¦l¨¦rer l¡¯¨¦laboration d¡¯un vaccin contre la COVID-19. Dans ce cadre, elle a publi¨¦ le 9 avril un pr¨¦sentant les les produits acceptables a minima pour un vaccin humain administrable ¨¤ grande ¨¦chelle.

L¡¯OMS a ¨¦galement dress¨¦ une provisoire de 70 vaccins en cours de d¨¦veloppement dans le monde.  Si 67 d¡¯entre eux ont prouv¨¦ leur efficacit¨¦ in vitro et sont en phase pr¨¦clinique, trois autres se trouvent d¨¦j¨¤ au stade clinique et sont pr¨ºts ¨¤ ¨ºtre test¨¦s sur des volontaires. Deux sont d¨¦velopp¨¦s par des soci¨¦t¨¦s de biotechnologie am¨¦ricaines, Inovio Pharmaceuticals et Moderna, le troisi¨¨me est con?u par la firme chinoise CanSino Bio avec l¡¯Institut de biotechnologie de Beijing.

Afin de coordonner l¡¯¨¦valuation de ces vaccins potentiels et de s¡¯assurer de mani¨¨re fiable de leur innocuit¨¦ et de leur efficacit¨¦, en vue de leur possible d¨¦ploiement, l¡¯agence de l¡¯ONU pr¨¦voit de lancer un nouvel essai clinique international et multisites, qui se fera sur la base d¡¯une r¨¦partition al¨¦atoire et contr?l¨¦e. Il viendra compl¨¦ter l¡¯essai th¨¦rapeutique actuellement men¨¦ sur quatre m¨¦dicaments et combinaisons m¨¦dicamenteuses et auquel participent d¨¦sormais une centaine de pays.

Vue d'un atome representant le coronavirus.

Selon le projet de protocole, qui doit encore ¨ºtre valid¨¦ par l¡¯OMS, le but de cette ¨¦valuation simultan¨¦e est de pouvoir rendre un avis dans un d¨¦lai de trois ¨¤ six mois apr¨¨s la mise ¨¤ disposition du vaccin candidat. 

Garantir un acc¨¨s ¨¦quitable au vaccin

Mis ¨¤ part l¡¯essai ³§´Ç±ô¾±»å²¹°ù¾±³Ù¨¦ de l¡¯OMS, tr¨¨s peu d¡¯essais cliniques sont effectu¨¦s ou planifi¨¦s dans des pays ¨¤ faible revenu, en Afrique, en Asie du Sud-Est ou en Am¨¦rique du Sud.

C¡¯est le constat que dresse un groupe de scientifiques, m¨¦decins et administrateurs de la sant¨¦ issus de 70 institutions de 30 pays. Dans un publi¨¦ le 2 avril par la revue The Lancet, ils estiment que si des traitements font leurs preuves face ¨¤ la COVID-19, ils devraient pouvoir ¨ºtre rendus disponibles dans les r¨¦gions ¨¤ ressources limit¨¦es o¨´ les syst¨¨mes de sant¨¦ sont fragiles, et ce, de mani¨¨re ¨¦quitable et abordable.       

Leur position est partag¨¦e par les experts de l¡¯OMS signataires de la »å¨¦³¦±ô²¹°ù²¹³Ù¾±´Ç²Ô du 13 avril, qui promettent d¡¯?uvrer, dans le cadre des travaux men¨¦s par l¡¯agence onusienne, ¨¤ la ? mise ¨¤ disposition rapide d'un ou plusieurs vaccins efficaces et sans danger pour tous ?.

Cette volont¨¦ de garantir l¡¯acc¨¨s le plus large du futur vaccin est ¨¦galement au centre d¡¯une propos¨¦e ¨¤ l¡¯Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale des Nations Unies par 75 des 193 ?tats Membres de l¡¯Organisation, laquelle pr¨¦conise une distribution ¨¤ la fois ? juste, transparente, ¨¦quitable, efficace et rapide ?.  

L¡¯objectif de ce texte appuy¨¦ par un grand nombre en pays en d¨¦veloppement, dont 23 ?tats africains, est de permettre que tous les mat¨¦riels et services m¨¦dicaux servant ¨¤ combattre le coronavirus soient mis ¨¤ la disposition de ? toutes les personnes qui en ont besoin ?, partout dans le monde. 

A cette fin, l¡¯Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale encourage les ?tats Membres ¨¤ renforcer leur coop¨¦ration scientifique et ¨¤ travailler en partenariat avec le secteur priv¨¦ pour accro?tre le financement de la recherche et du d¨¦veloppement pour les vaccins et les m¨¦dicaments en vue d¡¯une fabrication et d¡¯une distribution rapides qui respecte les ? objectifs d'efficacit¨¦, de s¨¦curit¨¦, d'¨¦quit¨¦, et d'accessibilit¨¦ (physique et financi¨¨re) ?.

Un laborantin en train de travailler avec des eprouvettes.

L¡¯organe le plus repr¨¦sentatif des Nations Unies demande par ailleurs aux pays de prendre des mesures imm¨¦diates pour emp¨ºcher la sp¨¦culation et le stockage indu qui pourraient entraver l'acc¨¨s s?r, efficace et abordable ¨¤ ces produits essentiels dans la lutte contre la COVID-19. 

Un vaccin peut en cacher d¡¯autres

Les efforts entourant le d¨¦veloppement d¡¯un vaccin contre la COVID-19 ne doivent toutefois pas faire oublier les programmes vaccinaux syst¨¦matiques, qui visent ¨¤ prot¨¦ger contre des maladies comme la rougeole, cause importante de mortalit¨¦ infantile dans le monde. Or de nombreux pays ont suspendu leurs campagnes de vaccination contre cette pathologie afin de respecter les mesures de distanciation sociale et de ne pas mettre en danger la sant¨¦ du personnel vaccinant.

? Plus de 117 millions d'enfants dans 37 pays, dont beaucoup vivent dans des r¨¦gions o¨´ des flamb¨¦es de rougeole sont en cours, pourraient ¨ºtre touch¨¦s par la suspension des activit¨¦s de vaccination pr¨¦vues ?, a le 14 avril l¡¯Initiative contre la rougeole et la rub¨¦ole, qui compte parmi ses membres l¡¯OMS et le Fonds des Nations Unies pour l¡¯enfance (UNICEF).

Si, ¨¤ l¡¯heure actuelle, les mesures prises en r¨¦ponse ¨¤ la COVID-19 entra?nent une interruption temporaire des campagnes de vaccination, ? les pays doivent pr¨¦voir de reprendre ces services le plus rapidement possible apr¨¨s que la situation s¡¯est stabilis¨¦e ?, ont ¨¤ nouveau lundi les deux agences onusiennes ¨¤ l¡¯occasion de la Semaine europ¨¦enne de la vaccination, en rappelant qu¡¯en 2019, le virus de la rougeole a infect¨¦ plus de 100 000 personnes de tous ?ges en Europe.

Comme l¡¯a soulign¨¦ Afshan Khan, Directrice r¨¦gionale de l'UNICEF pour l'Europe et l'Asie centrale, la vuln¨¦rabilit¨¦ aux maladies infectieuses ? constitue une menace pour la sant¨¦ publique partout dans le monde ?. Il est essentiel, selon elle, que les programmes de vaccination se poursuivent pendant cette crise et que les agents de sant¨¦ qui s¡¯en chargent soient prot¨¦g¨¦s de mani¨¨re ad¨¦quate, la priorit¨¦ allant aux ? enfants les plus vuln¨¦rables qui n¡¯ont pas re?u de vaccination syst¨¦matique dans le pass¨¦ ?.