23 avril 2020 ¡ª Tourisme, transport a¨¦rien, restauration, automobile, textile : la crise li¨¦e ¨¤ la COVID-19 atteint tous les secteurs d¡¯activit¨¦, avec des effets d¨¦vastateurs pour les travailleurs et leurs employeurs. Face ¨¤ ce cataclysme, les Nations Unies appellent ¨¤ des r¨¦ponses politiques d¡¯ampleur, tandis que de nombreux pays d¨¦ploient des plans de relance massifs pour soutenir l¡¯emploi et les moyens de subsistance.

Aux ?tats-Unis, o¨´ le nombre des demandeurs d¡¯emploi a encore bondi de 4,4 millions ce jeudi, portant le total ¨¤ plus de 26 millions d¡¯Am¨¦ricains depuis le d¨¦but de la crise, 2 200 milliards de dollars ont d¨¦j¨¤ ¨¦t¨¦ vers¨¦s pour amortir l¡¯impact sur l¡¯¨¦conomie. Le Japon a d¨¦cid¨¦ d¡¯un plan de soutien de 108 000 milliards de yens, soit 1 000 milliards de dollars.

En Europe, o¨´ 60 millions d¡¯emplois sont menac¨¦s, les gouvernements ont d¨¦bloqu¨¦ des fonds d¡¯urgence dans l¡¯attente d¡¯un possible plan commun. La Chine a, quant ¨¤ elle, annonc¨¦ des mesures de soutien, notamment fiscales, d¡¯un milliard de yuans, soit 140 milliards de dollars, en faveur des petites et moyennes entreprises.     

Dans un rapport pr¨¦sent¨¦ fin mars pour faire face aux cons¨¦quences socio¨¦conomiques mondiales de la pand¨¦mie, le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral de l¡¯ONU pr¨¦conise une r¨¦ponse multilat¨¦rale ¨¤ grande ¨¦chelle repr¨¦sentant au moins 10 % du PIB mondial.

? Cette crise humaine exige une action politique coordonn¨¦e, d¨¦cisive, inclusive et innovante de la part des principales ¨¦conomies du monde et un soutien financier et technique maximal aux personnes et aux pays les plus pauvres et les plus vuln¨¦rables ?, estime Ant¨®nio Guterres, alors que le fait ¨¦tat d¡¯une r¨¦cession semblable ¨¤ celle de 2009, voire plus grave.

Une crise historique pour l¡¯emploi

Au milieu de ce marasme, le march¨¦ de l'emploi affronte ? la crise mondiale la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale ?, constate l¡¯, selon laquelle 1,25 milliard de travailleurs sont employ¨¦s dans des secteurs o¨´ existe un risque ¨¦lev¨¦ de hausse ? drastique et d¨¦vastatrice ? de licenciements et de r¨¦duction des salaires et des heures travaill¨¦es. 

Une publi¨¦e le 7 avril par cette agence de l¡¯ONU avertit que la pand¨¦mie de coronavirus, ¨¤ l¡¯origine du confinement de 2,7 milliards de travailleurs, soit environ 81 % de la main-d'?uvre mondiale, devrait faire dispara?tre 6,7 % des heures de travail dans le monde rien qu'au cours du deuxi¨¨me trimestre de 2020, ce qui ¨¦quivaut ¨¤ 195 millions d'emplois ¨¤ temps plein. Des pertes attendues surtout dans les pays ¨¤ revenu interm¨¦diaire sup¨¦rieur, notamment en Europe et dans la r¨¦gion Asie-Pacifique.

A l¡¯¨¦chelle mondiale, l¡¯inqui¨¦³Ù³Ü»å±ð est grande aussi pour les quelque deux milliards de personnes qui travaillent dans le secteur informel, la plupart dans les ¨¦conomies ¨¦mergentes et en d¨¦veloppement.

? La crise a mis au jour les ¨¦normes d¨¦ficits de travail d¨¦cent qui pr¨¦valent encore en 2020 et a montr¨¦ ¨¤ quel point des millions de travailleurs sont vuln¨¦rables lorsqu'une crise survient ?, a soulign¨¦ le Directeur g¨¦n¨¦ral de l¡¯OIT, Guy Ryder, dans une d¨¦claration ¨¦crite diffus¨¦e le 17 avril lors des r¨¦unions de printemps du FMI et de la Banque mondiale.

Quatre r¨¦ponses politiques ¨¤ apporter

Dans ce contexte, M. Ryder plaide pour une r¨¦ponse centr¨¦e sur l¡¯humain et la solidarit¨¦ mondiale. Il invite les institutions financi¨¨res mondiales ¨¤ ? faire bloc derri¨¨re interd¨¦pendantes ? :

±Ê°ù±ð³¾¾±¨¨°ù±ð³¾±ð²Ô³Ù&²Ô²ú²õ±è;

Stimuler l¡¯¨¦conomie et la demande de travail en utilisant les outils budg¨¦taires et mon¨¦taires disponibles, de m¨ºme que l¡¯all¨¨gement de la dette. Les investissements publics dans les syst¨¨mes de sant¨¦ seront, selon lui, ? doublement efficaces ?, puisqu¡¯ils apporteront une contribution vitale ¨¤ la lutte contre la pand¨¦mie et ¨¤ la cr¨¦ation d¡¯emplois.

¶Ù±ð³Ü³æ¾±¨¨³¾±ð³¾±ð²Ô³Ù

Apporter une aide imm¨¦diate pour p¨¦renniser les entreprises, pr¨¦server les emplois et soutenir les revenus. Sur ce point, M. Ryder souligne la n¨¦cessit¨¦ d¡¯investir dans les mesures de protection sociale, ? qui peuvent contribuer ¨¤ att¨¦nuer les pires chocs de la crise tout en agissant comme stabilisateur ¨¦conomique ?.

°Õ°ù´Ç¾±²õ¾±¨¨³¾±ð³¾±ð²Ô³Ù

Assurer une protection ad¨¦quate pour tous ceux qui continuent de travailler pendant la crise. ? Cela exige de garantir la s¨¦curit¨¦ et la sant¨¦ au travail, d¡¯am¨¦nager soigneusement les modalit¨¦s de travail tel que le t¨¦l¨¦travail, et d¡¯assurer l¡¯acc¨¨s aux indemnit¨¦s de maladie ?.

²Ï³Ü²¹³Ù°ù¾±¨¨³¾±ð³¾±ð²Ô³Ù

Mettre pleinement ¨¤ profit le dialogue social entre gouvernements et organisations de travailleurs et d¡¯employeurs, lequel a ? d¨¦j¨¤ d¨¦montr¨¦ qu¡¯il permettait de trouver des solutions pratiques, efficaces et ¨¦quitables pour le genre de d¨¦fis auxquels doit faire face le monde du travail aujourd¡¯hui ?.

 

? Cette crise humaine exige une action politique coordonn¨¦e, d¨¦cisive, inclusive et innovante de la part des principales ¨¦conomies du monde et un soutien financier et technique maximal aux personnes et aux pays les plus pauvres et les plus vuln¨¦rables ?. - Ant¨®nio Guterres, Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral de l¡¯ONU

 

Le tourisme particuli¨¨rement touch¨¦

Parmi les secteurs sinistr¨¦s, dont l¡¯OIT dresse la liste dans une s¨¦rie de accompagn¨¦es de recommandations, celui du tourisme se r¨¦v¨¨le l¡¯un des plus durement frapp¨¦s, avec le transport a¨¦rien qui lui est associ¨¦. En effet, 96 % des destinations mondiales appliquent d¨¦sormais des restrictions sur les voyages pour endiguer la progression du virus, selon l¡¯.

Dans un publi¨¦ le 17 avril, cette agence onusienne pr¨¦cise qu¡¯environ 90 destinations ont ferm¨¦ - totalement ou en partie - leurs fronti¨¨res aux touristes depuis le mois de janvier, tandis que 44 autres les ont ferm¨¦es ¨¤ certains contingents particuliers de touristes, en fonction du pays de provenance. 

? La COVID-19 a un impact sur les voyages et le tourisme sans ¨¦quivalent dans l¡¯histoire ?, a d¨¦plor¨¦ Zurab Pololikashvili, Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral de l¡¯OMT. ? L¡¯activit¨¦ touristique se trouve suspendue et ses bienfaits compromis : ce sont des millions d¡¯emplois qui risquent d¡¯¨ºtre perdus et l¡¯on pourrait assister ¨¤ un recul apr¨¨s les progr¨¨s vers plus d¡¯¨¦galit¨¦ et une croissance ¨¦conomique durable ?. 

Face ¨¤ ce coup d¡¯arr¨ºt, synonyme de pertes gigantesques pour le secteur, l¡¯OMT les gouvernements ¨¤ r¨¦examiner en continu l¡¯opportunit¨¦ d¡¯appliquer des restrictions sur les voyages et ¨¤ ? les assouplir ou les lever d¨¨s qu¡¯il sera s?r de le faire ?.

L¡¯agence, qui a cr¨¦¨¦ un comit¨¦ de crise pour le tourisme mondial, pr¨¦voit de lancer un ? dispositif d¡¯assistance technique pour le redressement ? afin de permettre aux ?tats Membres de mener des actions de marketing et de promotion de leur secteur du tourisme ? au cours des mois difficiles qui nous attendent ?.

L¡¯industrie du v¨ºtement passe ¨¤ l¡¯action

Devant l¡¯¨¦tendue du d¨¦sastre, certains secteurs ¨¦conomiques en appellent directement aux gouvernements et aux institutions financi¨¨res pour mettre en place des solutions concert¨¦es susceptibles de compenser les pertes en termes de revenus, d¡¯emplois et de protection sociale. 

Les organisations d¡¯employeurs et de travailleurs de l¡¯industrie du v¨ºtement, appuy¨¦es par les grandes marques et les principaux distributeurs, ont ainsi lanc¨¦ mercredi un destin¨¦ mobiliser des fonds. L¡¯enjeu est de permettre aux fabricants de poursuivre leur activit¨¦ et de payer les salaires, mais aussi de prot¨¦ger les moyens de subsistance des travailleurs de la confection via des dispositifs d¡¯aide au revenu et de pr¨¦servation de l¡¯emploi.

Cette industrie emploie des millions de personnes dans le monde, majoritairement en Asie. Au Bangladesh, par exemple, la crise sanitaire est d¨¦vastatrice pour l'emploi des quatre millions de travailleurs du textile. En raison de mesures de confinement et de la baisse mondiale de la demande, les marques de mode ont annul¨¦ environ 3 milliards de dollars de commandes dans ce pays, provoquant des manifestations d¡¯ouvriers pour r¨¦clamer le paiement des salaires dus.

Saluant l¡¯initiative de ce secteur, soutenue par l¡¯Organisation internationale des employeurs (OIE) et la Conf¨¦d¨¦ration syndicale internationale (CSI), le Directeur g¨¦n¨¦ral de l¡¯OIT a jug¨¦ primordial d¡¯instaurer un ? dialogue social efficace ? entre les gouvernements et les organisations de travailleurs et d¡¯employeurs pour p¨¦renniser les entreprises et prot¨¦ger les travailleurs.

? Nous exhortons tous les acteurs ¨¤ r¨¦pondre ¨¤ cet appel et ¨¤ prendre des mesures communes qui nous aideront ¨¤ ¨¦viter une catastrophe pour ce secteur ?, a d¨¦clar¨¦ M. Ryder, annon?ant la cr¨¦ation d¡¯un groupe de travail international r¨¦unissant tous les initiateurs impliqu¨¦s.  

? Nous ne pouvons pas assumer la d¨¦vastation humaine et ¨¦conomique qu¡¯entra?ne l¡¯effondrement de nos cha?nes d¡¯approvisionnement mondiales, ni le fait que des millions d¡¯habitants des ¨¦conomies en d¨¦veloppement se retrouvent ¨¤ nouveau dans la pauvret¨¦ ?, a fait valoir Sharan Burrow, secr¨¦taire g¨¦n¨¦rale de la CSI. La coop¨¦ration internationale est, ¨¤ ses yeux, indispensable pour assurer la survie de cette industrie dans les pays les plus pauvres.