22 mars 2022

Les r¨¦cents rapports du Groupe d¡¯experts intergouvernemental sur l¡¯¨¦volution du climat (GIEC) et son organisation h?te, l¡¯Organisation m¨¦t¨¦orologique mondiale (OMM), ont confirm¨¦ les pr¨¦occupations exprim¨¦es par les sp¨¦cialistes de l¡¯atmosph¨¨re il y a 50 ans : les ¨¦missions de gaz ¨¤ effet de serre, en particulier le carbone fossile, perturbent le climat de la Terre.

Ces changements se sont d¨¦j¨¤ mat¨¦rialis¨¦s et la tendance n¨¦gative se poursuivra jusqu¡¯¨¤ la seconde moiti¨¦ du XXIe si¨¨cle, ind¨¦pendamment de notre capacit¨¦ ¨¤ les r¨¦duire. L¡¯¨¦l¨¦vation du niveau de la mer et la fonte des glaciers devraient se poursuivre pendant des si¨¨cles en raison de la concentration ¨¦lev¨¦e de dioxyde de carbone dans l¡¯atmosph¨¨re, le principal gaz ¨¤ effet de serre qui restera dans l¡¯atmosph¨¨re pendant un certain temps.

L¡¯effet du dioxyde de carbone sur le r¨¦chauffement de la basse atmosph¨¨re a ¨¦t¨¦ observ¨¦ pour la premi¨¨re fois par le physicien su¨¦dois . Ni lui ni personne n¡¯aurait pu imaginer la croissance d¨¦mographique spectaculaire ainsi que la consommation massive de charbon, de p¨¦trole et de gaz naturel aux XXe et XXIe si¨¨cles.

Les preuves scientifiques recueillies depuis des d¨¦cennies indiquent que l¡¯att¨¦nuation des changements climatiques, notamment par la r¨¦duction de la consommation des combustibles fossiles et des mesures de pr¨¦vention de la d¨¦forestation, est essentielle pour assurer ¨¤ long terme le bien-¨ºtre de l¡¯humanit¨¦ et de la biosph¨¨re.

Plusieurs mesures positives ont ¨¦t¨¦ prises pour ¨¦viter que les pires sc¨¦narios climatiques ne se produisent. De nouvelles technologies abordables qui favorisent l¡¯att¨¦nuation, comme l¡¯¨¦nergie solaire et l¡¯¨¦nergie ¨¦olienne, les pompes ¨¤ chaleur, les v¨¦hicules ¨¦lectriques et ceux qui fonctionnent au biodi¨¦sel ainsi que les produits nutritionnels, sont maintenant disponibles. .

Lors de la , organis¨¦e par le Royaume-Uni ¨¤ Glasgow, en ?cosse, les pays du Groupe des sept (G7) et l¡¯Union europ¨¦enne qui, ensemble, sont responsables d¡¯un tiers de ¨¦missions mondiales, ont pris des engagements visant ¨¤ maintenir le r¨¦chauffement de la plan¨¨te en de?¨¤ du seuil de 1,5 ¡ãC. De leur c?t¨¦, les pays du Groupe des 20 (G20), notamment les pays BRICS (Br¨¦sil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), qui sont responsables de pr¨¨s de la moiti¨¦ des ¨¦missions de gaz ¨¤ effet de serre, n¡¯ont, malheureusement, pas encore ¨¦t¨¦ en mesure de proposer des engagements pour contenir le r¨¦chauffement climatique dans les limites de 1,5 ¡ãC ¨¤ 2 ¡ãC fix¨¦es par . Toutefois, les efforts visant ¨¤ fixer des objectifs plus ambitieux en mati¨¨re de lutte contre les changements climatiques se poursuivront lors des conf¨¦rences sur le climat organis¨¦es par l¡¯?gypte en 2022 (COP-27) ainsi que par les ?mirats arabes unies en 2003 (COP-28). 

Le , qui vient d¡¯¨ºtre publi¨¦, a montr¨¦ que ces effets sont d¨¦j¨¤ bien visibles. Nous avons commenc¨¦ ¨¤ observer des catastrophes m¨¦t¨¦orologiques plus fr¨¦quentes, avec un accroissement de leur dur¨¦e et de leur intensit¨¦.

Selon l¡¯, les pertes ¨¦conomiques caus¨¦es par les catastrophes climatiques ont augment¨¦ de fa?on spectaculaire au cours des 50 derni¨¨res ann¨¦es. Si les ?tats-Unis et la Chine sont les pays ayant ¨¦t¨¦ les plus affect¨¦s par des catastrophes co?teuses, les petits ?tats insulaires et l¡¯Afrique sont ceux qui ont subi les pertes ¨¦conomiques relatives les plus importantes. Un simple ouragan peut entra?ner une r¨¦duction du PIB annuel d¡¯un pays pouvant atteindre 800 %, comme cela a ¨¦t¨¦ observ¨¦ dans les ?tats des Cara?bes. En Afrique, les ¨¦pisodes de s¨¦cheresse et d¡¯inondation ont engendr¨¦ des r¨¦ductions annuelles du PIB pouvant atteindre 20 %. Toutefois, gr?ce aux services d¡¯alerte pr¨¦coces, le nombre de victimes humaines a diminu¨¦.

Petteri Talaas, Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral de l¡¯Organisation m¨¦t¨¦orologique mondiale.

On sait maintenant qu¡¯en plus des mesures essentielles d¡¯att¨¦nuation des changements climatiques, il est de plus en plus n¨¦cessaire d¡¯investir dans des mesures d¡¯adaptation. Plusieurs organismes de d¨¦veloppement envisagent d¡¯investir 50 % du financement de l¡¯action climatique dans l¡¯adaptation aux changements climatiques. Le r¨¦cent de la Commission mondiale sur l¡¯adaptation, copr¨¦sid¨¦ par l¡¯ancien Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral des Nations Unies Ban Ki-moon, a montr¨¦ que le financement de services d¡¯alerte pr¨¦coces et d¡¯infrastructures connexes offrirait l¡¯un des meilleurs retours sur investissement.

Actuellement, la moiti¨¦ seulement des 193 membres de l¡¯OMM disposent de services d¡¯alerte pr¨¦coce appropri¨¦s et, en raison des difficult¨¦s de diffusion des alertes, seulement 20 % de la population mondiale a acc¨¨s ¨¤ ces informations.

Il existe aussi des lacunes importantes dans les observations m¨¦t¨¦orologiques, climatiques et hydrologiques au niveau mondial. L¡¯absence d¡¯observations hydrologiques de base, en particulier en Afrique et dans les petits ?tats insulaires, limite consid¨¦rablement la pr¨¦cision des informations fournies par les services m¨¦t¨¦orologiques. Cela entrave la planification de l¡¯adaptation aux changements climatiques, puisque les donn¨¦es pour le climat de r¨¦f¨¦rence ne sont pas connues. Les lacunes des syst¨¨mes d¡¯observations hydrologiques mettent en p¨¦ril la gestion des ressources en eau, qui est essentielle pour la sant¨¦ et le bien-¨ºtre des personnes, l¡¯agriculture, l¡¯industrie et la production d¡¯¨¦nergie.

L¡¯OMM a cr¨¦¨¦ un syst¨¨me d¡¯observations m¨¦t¨¦orologiques, climatiques et hydrologiques contenant des observations au sol, par satellite, par ballon, ¨¤ bord de navires, par avion ainsi que des observations oc¨¦aniques. Des normes d¡¯observations ont ¨¦t¨¦ fix¨¦es et un r¨¦seau mondial en temps r¨¦el a ¨¦t¨¦ cr¨¦¨¦ pour permettre un ¨¦change des donn¨¦es mondial, libre et sans restriction.

L¡¯OMM a d¨¦sign¨¦ 13 qui fournissent des pr¨¦visions m¨¦t¨¦orologiques mondiales dont la plupart sont mises gratuitement ¨¤ la disposition de tous les membres de l¡¯OMM. Une nouvelle politique en mati¨¨re de donn¨¦es ainsi que des nouvelles normes pour les r¨¦seaux d¡¯observations nationaux ont ¨¦t¨¦ approuv¨¦es par le .

En outre, un nouveau programme, intitul¨¦ , a ¨¦t¨¦ approuv¨¦; il vise ¨¤ engager 400 millions de dollars au cours des cinq prochaines ann¨¦es pour l¡¯am¨¦lioration des r¨¦seaux d¡¯observations m¨¦t¨¦orologiques de base des pays les moins avanc¨¦s ainsi que ceux des petits ?tats insulaires en d¨¦veloppement et d¡¯allouer 250 millions de dollars pour leur maintenance au cours des 10 prochaines ann¨¦es. Cela permettra d¡¯am¨¦liorer la qualit¨¦ des services d¡¯alerte pr¨¦coce dans les pays les plus vuln¨¦rables.

Outre la mise en place du syst¨¨me d¡¯observation mondial en temps r¨¦el, et son exploitation, l¡¯OMM s¡¯emploie ¨¤ am¨¦liorer les services m¨¦t¨¦orologiques, climatiques et hydrologiques nationaux. Les membres de l¡¯OMM et leurs services m¨¦t¨¦orologiques nationaux partagent leur savoir-faire scientifique et technique avec les membres des pays moins d¨¦velopp¨¦s.

La Banque mondiale a estim¨¦ que le retour sur investissement dans les services m¨¦t¨¦orologiques a au moins d¨¦cupl¨¦. Ces investissements sont b¨¦n¨¦fiques dans un vaste ¨¦ventail de secteurs, comme la s¨¦curit¨¦ publique, l¡¯agriculture, l¡¯¨¦nergie, la sant¨¦, les infrastructures, l¡¯aviation, les transports maritimes, la s¨¦curit¨¦ routi¨¨re et la d¨¦fense. L¡¯OMM a lanc¨¦, avec le Bureau des Nations Unies pour la r¨¦duction des catastrophes et la Banque mondiale, un programme de d¨¦veloppement sp¨¦cifique intitul¨¦ afin d¡¯am¨¦liorer les comp¨¦tences nationales en mati¨¨re d¡¯alerte pr¨¦coce. Jusqu¡¯¨¤ pr¨¦sent, plus de 50 pays ont ¨¦t¨¦ soutenus par ce programme, qui est financ¨¦ par huit pays d¨¦velopp¨¦s.

De nombreux effets des changements climatiques et des catastrophes sont li¨¦s ¨¤ des ph¨¦nom¨¨nes m¨¦t¨¦orologiques, ¨¤ savoir les inondations, l¡¯intensification des temp¨ºtes, la s¨¦cheresse, la fonte des glaciers et la salinisation des ressources c?ti¨¨res en eau douce caus¨¦e par l¡¯¨¦l¨¦vation du niveau de la mer. Pendant les 20 derni¨¨res ann¨¦es, 2 milliards d¡¯habitants ont connu des inondations d¨¦vastatrices; 1,5 million a connu la s¨¦cheresse; et 700 millions ont subi une temp¨ºte tropicale d¨¦vastatrice. En 2021, des inondations ont fait des milliers de victimes dans plusieurs pays, notamment en Belgique, en Chine, en Allemagne et en Inde. Des s¨¦cheresses importantes et des feux de for¨ºt ont eu lieu au Br¨¦sil, au Canada, en Russie et aux ?tats-Unis.

La fonte des glaciers a connu une augmentation spectaculaire au cours des 20 derni¨¨res ann¨¦es. A cours des si¨¨cles ¨¤ venir, la fonte des principaux glaciers de l¡¯Arctique et du Groenland entra?nera une ¨¦l¨¦vation du niveau de la mer de plusieurs m¨¨tres. La fonte des glaciers de montagne, par exemple dans les Alpes, les Andes, l¡¯Himalaya et les Montagnes rocheuses, met en p¨¦ril la disponibilit¨¦ d¡¯eau douce de plusieurs grands fleuves du monde.

Selon , le r¨¦gime des pr¨¦cipitations et l¡¯humidit¨¦ du sol ¨¤ l¡¯¨¦chelle mondiale ont d¨¦j¨¤ chang¨¦ et continueront de changer au cours des prochaines d¨¦cennies. Cela risque de mettre en p¨¦ril la capacit¨¦ de production alimentaire mondiale et de rendre les conditions de vie plus difficiles sur tous les continents.

Il est n¨¦cessaire d¡¯investir dans des services m¨¦t¨¦orologiques, climatiques et hydrologiques de base afin d¡¯att¨¦nuer les cons¨¦quences des changements climatiques. L¡¯OMM a estim¨¦ que des investissements d¡¯une valeur de 1,5 milliard de dollars dans des infrastructures et des services connexes permettraient d¡¯obtenir des avantages ¨¦conomiques majeurs et de sauver des vies en tant que mesure efficace d¡¯att¨¦nuation des changements climatiques. Au-del¨¤ de l¡¯investissement financier, il est n¨¦cessaire de relever l¡¯ambition en mati¨¨re d¡¯att¨¦nuation afin d¡¯¨¦viter les pires risques climatiques.

 

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