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Rapport du S¨¦cretaire g¨¦n¨¦ral : B. Maintien de la paix et de la s¨¦curit¨¦ internationales

Un Casque bleu ghan¨¦en de la Mission des Nations Unies au Lib¨¦ria. Photo ONU/Staton Winter

Cette ann¨¦e encore, tout ce qui a ¨¦t¨¦ fait pour pr¨¦venir, contenir et r¨¦gler les conflits violents est venu nous rappeler que l¡¯Organisation des Nations Unies ¨¦tait indispensable. La s?ret¨¦ et la prosp¨¦rit¨¦ des futures g¨¦n¨¦rations ont ¨¦t¨¦ compromises par l¡¯¨¦chec des dirigeants politiques, qui n¡¯ont pas r¨¦ussi ¨¤ gouverner de fa?on pacifique et ¨¦quitable, en respectant la primaut¨¦ du droit. Elles l¡¯ont ¨¦galement ¨¦t¨¦ par le d¨¦tournement des ressources destin¨¦es au d¨¦veloppement au profit des parties en guerre, par le m¨¦pris alarmant des bellig¨¦rants ¨¤ l¡¯¨¦gard du droit international, en particulier des droits de l¡¯homme et du droit humanitaire, et par l¡¯absence de d¨¦nonciation syst¨¦matique des violations et l¡¯impunit¨¦ dont jouissent les criminels. Nous avons continu¨¦ d¡¯¨ºtre les t¨¦moins de crimes atroces et de voir des enfants porter des armes au lieu d¡¯aller en classe. Sous nos yeux, une foule innombrable a pris le chemin de l¡¯exode. Dans des r¨¦gions enti¨¨res, le tissu social risque de partir en charpie. Les cons¨¦quences sont terribles pour les civils, en particulier au Moyen-Orient et dans certaines parties de l¡¯Afrique.

Dans ces circonstances, l¡¯ONU a ¨¦t¨¦, bien plus que par le pass¨¦, sollicit¨¦e pour intervenir ¨¤ des fins de pr¨¦vention des conflits et de p¨¦rennisation de la paix. Le nombre de soldats de la paix d¨¦ploy¨¦s n¡¯a jamais ¨¦t¨¦ aussi ¨¦lev¨¦. La demande de bons offices et de services d¡¯appui ¨¤ la m¨¦diation, notamment ceux assur¨¦s par les missions politiques sp¨¦ciales, a atteint un record absolu, de m¨ºme que le co?t de l¡¯action humanitaire. Il est clair que cela ne saurait durer.

Le poids des conflits s¡¯est mesur¨¦ en termes qualitatifs (les situations ¨¦voluent suivant des logiques de plus en plus complexes) et quantitatifs (les conditions d¡¯intervention sont de plus en plus p¨¦rilleuses). En Afghanistan, en Iraq, au Mali, en R¨¦publique arabe syrienne, en Somalie et au Y¨¦men, le conflit arm¨¦ est rest¨¦ indissociable du terrorisme, les extr¨¦mistes violents prosp¨¦rant sur les fragilit¨¦s nationales, r¨¦gionales et locales, notamment les tensions ethniques, religieuses, socio¨¦conomiques et politiques. La perc¨¦e du groupe dit ?tat islamique d¡¯Iraq et du Levant (EIIL) ou Daech a redessin¨¦ les contours de l¡¯extr¨¦misme violent et amplifi¨¦ la menace pourtant d¨¦j¨¤ terrible que repr¨¦sentaient des groupes plus anciens comme Al-Qaida, Boko Haram et les Chabab. Rien que ces six derniers mois, l¡¯EIIL a perp¨¦tr¨¦ ou revendiqu¨¦ des attentats en Allemagne, au Bangladesh, en Belgique, en ?gypte, aux ?tats-Unis, en F¨¦d¨¦ration de Russie, en France, en Indon¨¦sie, au Liban, au Pakistan et en Turquie. Il s¡¯est av¨¦r¨¦ que des groupes se livrant ¨¤ la traite des ¨ºtres humains et au trafic de migrants profitaient des mouvements massifs de r¨¦fugi¨¦s et de migrants qui avaient perdu leurs droits en fuyant la violence et la pers¨¦cution, aggravant ainsi la d¨¦tresse de personnes en qu¨ºte de s¨¦curit¨¦.

Ces ph¨¦nom¨¨nes compliquent la t?che des m¨¦diateurs des Nations Unies qui s¡¯efforcent de trouver des solutions politiques inclusives. Il a ¨¦t¨¦ particuli¨¨rement difficile aux op¨¦rations de paix d¡¯agir efficacement dans des conditions coercitives marqu¨¦es par l¡¯intensit¨¦ et la persistance de la violence. Le fait que 43 soldats de la paix aient ¨¦t¨¦ tu¨¦s et 75 bless¨¦s dans des actes de malveillance entre le 1er ao?t 2015 et le 31 mai 2016 montre, s¡¯il en ¨¦tait besoin, que le maintien de la paix est une activit¨¦ dangereuse qui peut co?ter des vies. M¨ºme dans les locaux des missions et autres installations qui ¨¦taient pr¨¦c¨¦demment consid¨¦r¨¦s comme peu expos¨¦s, le personnel et les activit¨¦s des Nations Unies font maintenant face ¨¤ des menaces complexes, vari¨¦es et multidimensionnelles cr¨¦¨¦es par les conflits arm¨¦s, l¡¯instabilit¨¦ qui leur fait suite, le terrorisme, les troubles civils, la criminalit¨¦ violente, les crises politiques, les atteintes graves aux droits de l¡¯homme, les situations d¡¯urgence humanitaire et les fr¨¦quentes catastrophes naturelles. Le nombre d¡¯attaques visant directement des installations et des v¨¦hicules des Nations Unies a augment¨¦. Tout porte ¨¤ croire que la situation mondiale en mati¨¨re de s¨¦curit¨¦ va continuer de se caract¨¦riser par l¡¯amalgame entre conflit arm¨¦ et extr¨¦misme violent.

Cela ¨¦tant, au cours de la p¨¦riode consid¨¦r¨¦e, on a vu poindre des signes de paix encourageants. L¡¯adoption du Programme 2030 et les trois examens d¨¦terminants men¨¦s en 2015 sur les op¨¦rations de paix, le maintien de la paix et la r¨¦solution 1325 (2000) du Conseil de s¨¦curit¨¦ ont permis d¡¯¨¦baucher un plan de pr¨¦vention et de r¨¨glement des conflits ayant vocation ¨¤ guider notre action collective. ?tant donn¨¦ que les personnes vivant dans l¡¯extr¨ºme pauvret¨¦ sont, en proportion, plus nombreuses ¨¤ habiter des pays en conflit et que 125 millions de personnes ont besoin d¡¯une aide humanitaire, le monde sera incapable d¡¯atteindre les objectifs de d¨¦veloppement durable en 2030 s¡¯il ne s¡¯attaque pas plus ¨¦nergiquement aux conflits ¨C en trouvant, au moyen d¡¯un dialogue politique inclusif, des solutions politiques ¨¤ m¨ºme de les d¨¦samorcer. Il faudra ¨¦galement s¡¯employer ¨¤ agir au plus pr¨¨s des conflits, c¡¯est-¨¤-dire ¨¤ am¨¦liorer la prestation de services aux habitants de zones isol¨¦es ou en crise depuis longtemps et aux groupes marginalis¨¦s.

1. Pr¨¦vention des conflits et m¨¦diation?

L¡¯ann¨¦e ¨¦coul¨¦e nous donne ¨¤ penser sans l¡¯ombre d¡¯un doute que la pr¨¦vention des conflits et la m¨¦diation doivent ¨ºtre remises au c?ur de toutes les activit¨¦s de l¡¯Organisation des Nations Unies?: c¡¯est la premi¨¨re et la plus claire de nos priorit¨¦s. Les conflits qui frappent la R¨¦publique arabe syrienne et le Y¨¦men, ainsi que le Burundi, montrent qu¡¯en la mati¨¨re, il ne faut pas faire moins mais plus. Au vu de l¡¯ampleur des mouvements de r¨¦fugi¨¦s et des flux migratoires, il est indispensable de s¡¯attaquer aux causes profondes de ces d¨¦placements et des conflits qui en sont ¨¤ l¡¯origine partout dans le monde. Pr¨¦vention et m¨¦diation ¨¦taient ¨¦galement au centre des trois grands examens men¨¦s en 2015 sur les op¨¦rations de paix, le maintien de la paix et la r¨¦solution 1325 (2000) du Conseil de s¨¦curit¨¦. La responsabilit¨¦ de pr¨¦venir les conflits est ¨¦tablie par la Charte et doit ¨ºtre assum¨¦e de concert par l¡¯Organisation des Nations Unies, les ?tats Membres, les organisations r¨¦gionales et sous-r¨¦gionales et la soci¨¦t¨¦ civile.

J¡¯ai continu¨¦ de proposer mes bons offices et de prendre des initiatives dans les domaines de la pr¨¦vention des conflits, de la diplomatie pr¨¦ventive et de la m¨¦diation dans des contextes tr¨¨s divers. L¡¯Organisation a offert sa m¨¦diation dans des situations extr¨ºmement difficiles, en Libye, en Syrie et au Y¨¦men. Ailleurs, elle a collabor¨¦ avec des organisations r¨¦gionales et sous-r¨¦gionales ou appuy¨¦ des initiatives de ces organisations. Syst¨¦matiquement, elle a insist¨¦ sur l¡¯indispensable participation des femmes au processus de paix et aux activit¨¦s de m¨¦diation.

Mon Envoy¨¦ sp¨¦cial pour la Syrie a convoqu¨¦ ¨¤ plusieurs reprises des pourparlers intersyriens visant ¨¤ mettre fin au conflit gr?ce ¨¤ une transition politique fond¨¦e sur les dispositions de la r¨¦solution 2254 (2015) du Conseil de s¨¦curit¨¦ et le Communiqu¨¦ de Gen¨¨ve. La cessation des hostilit¨¦s le 27 f¨¦vrier et l¡¯intensification de l¡¯aide humanitaire permettent de nourrir quelque espoir, m¨ºme si la lenteur et la fragilit¨¦ des progr¨¨s accomplis exigent la plus grande prudence. Au Y¨¦men, mon Envoy¨¦ sp¨¦cial a poursuivi ses efforts en faveur d¡¯un r¨¨glement pacifique du conflit. Les pourparlers de paix intery¨¦m¨¦nites, engag¨¦s au mois d¡¯avril, suivent leur cours. Les deux camps se sont certes engag¨¦s ¨¤ trouver un accord de cessation des hostilit¨¦s et un moyen de relancer la transition politique, mais ils restent tr¨¨s divis¨¦s. L¡¯application effective de l¡¯accord passera par la participation active de toutes les parties y¨¦m¨¦nites et n¨¦cessitera un appui r¨¦gional solide. Depuis la signature de l¡¯Accord politique libyen le 17 d¨¦cembre 2015, plusieurs des institutions dont l¡¯¨¦tablissement est pr¨¦vu par ce texte, notamment le Conseil de la pr¨¦sidence, ont vu le jour. On s¡¯efforce actuellement de rallier de nouveaux soutiens ¨¤ l¡¯Accord et aux organes dont celui-ci porte cr¨¦ation, et de rem¨¦dier au probl¨¨me toujours pr¨¦occupant de l¡¯ins¨¦curit¨¦. La Mission d¡¯appui des Nations Unies en Libye ¨¦paule le Conseil de la pr¨¦sidence et s¡¯attache ¨¤ r¨¦tablir sa propre pr¨¦sence ¨¤ Tripoli pour renforcer ses moyens d¡¯action.

Le Burundi demeure fragilis¨¦ par des actes de violence cibl¨¦s ob¨¦issant ¨¤ des motivations politiques. Le Conseil de s¨¦curit¨¦ m¡¯a demand¨¦ d¡¯exercer mes bons offices et d¡¯appuyer, sur le fond et sur le plan technique, la m¨¦diation approuv¨¦e par l¡¯Union africaine qui se d¨¦roule sous les auspices de la Communaut¨¦ d¡¯Afrique de l¡¯Est, ¨¦galement investie du r?le de facilitateur. Dans la r¨¦gion des Grands Lacs, mes Envoy¨¦s sp¨¦ciaux pour la r¨¦gion et pour la R¨¦publique d¨¦mocratique du Congo ont continu¨¦ d¡¯appuyer et de surveiller la mise en ?uvre des engagements nationaux et r¨¦gionaux ¨¦nonc¨¦s dans l¡¯Accord-cadre pour la paix, la s¨¦curit¨¦ et la coop¨¦ration, en collaborant ¨¦troitement et en veillant ¨¤ coordonner leurs activit¨¦s avec celles des partenaires r¨¦gionaux et sous-r¨¦gionaux.

Certaines nouvelles venues d¡¯ailleurs sont plus encourageantes. Au Myanmar, les ¨¦lections de novembre 2015 ont modifi¨¦ radicalement le paysage politique en portant au pouvoir Aung San Suu Kyi et son parti. Pour le nouveau Gouvernement, qui a lanc¨¦ un dialogue politique national destin¨¦ ¨¤ unifier le pays, toute la difficult¨¦ est de faire ¨¦voluer ceux qui campent sur leurs positions, en particulier dans l¡¯?tat de Rakhine, et d¡¯¨ºtre ¨¤ la hauteur des attentes grandissantes de la population. Je continuerai d¡¯offrir mes bons offices au Myanmar qui met toute son ¨¦nergie ¨¤ am¨¦liorer la vie de ses habitants et ¨¤ associer chacun d¡¯eux au processus de paix et aux futurs scrutins. En Colombie, l¡¯ONU pr¨¦pare, en application de la r¨¦solution?2261 (2016)?du Conseil de s¨¦curit¨¦, le d¨¦ploiement d¡¯une mission politique sp¨¦ciale qui sera charg¨¦e de surveiller et de v¨¦rifier le d¨¦p?t des armes et fera partie du m¨¦canisme tripartite qui, une fois l¡¯accord de paix sign¨¦, assurera la surveillance et la v¨¦rification des accords bilat¨¦raux et d¨¦finitifs de cessez-le-feu et de cessation des hostilit¨¦s. ? Chypre, les n¨¦gociations entre les dirigeants facilit¨¦es par mon Conseiller sp¨¦cial ont donn¨¦ lieu ¨¤ des avanc¨¦es prometteuses et laissent esp¨¦rer une solution globale.

Outre ces missions de bons offices cibl¨¦es, je me suis attach¨¦, comme par le pass¨¦, ¨¤ renforcer les capacit¨¦s r¨¦gionales des Nations Unies et ¨¤ faire en sorte que, l¨¤ o¨´ elle n¡¯a pas de mission de paix, l¡¯Organisation soit en mesure de r¨¦agir en cas de crise soudaine et de tensions politiques. Le Bureau des Nations Unies pour l¡¯Afrique de l¡¯Ouest et le Sahel et les Bureaux r¨¦gionaux pour l¡¯Afrique centrale et l¡¯Asie centrale ont ¨¤ nouveau ¨¦t¨¦ des relais tr¨¨s efficaces pour la pr¨¦vention des conflits. Ayant vu ses moyens renforc¨¦s, le Bureau r¨¦gional des Nations Unies pour l¡¯Afrique centrale est mieux ¨¤ m¨ºme d¡¯intervenir de fa?on pr¨¦ventive. Les coordonnateurs r¨¦sidents, notamment ceux qui doivent faire face ¨¤ des tensions politiques graves et ¨¤ des situations qui empirent rapidement sans b¨¦n¨¦ficier de la pr¨¦sence d¡¯une mission, ont re?u un appui renforc¨¦.

J¡¯ai poursuivi le renforcement de nos relations avec la Banque mondiale. Celle-ci a lanc¨¦, avec la Banque islamique de d¨¦veloppement, une initiative de financement commun annonc¨¦e ¨¤ Lima en octobre 2015. Il s¡¯agit d¡¯aider les pays du Moyen-Orient et d¡¯Afrique du Nord, en particulier le Liban et la Jordanie, qui prennent en charge un nombre de r¨¦fugi¨¦s disproportionn¨¦ chass¨¦s de leur pays, notamment de la R¨¦publique arabe syrienne, par les conflits. La diversit¨¦ des probl¨¨mes que doivent surmonter les pays d¡¯accueil est telle que la pr¨¦vention des conflits a ¨¦t¨¦ ouvertement prise en compte dans la conception de cette initiative innovante. J¡¯ai lanc¨¦ un d¨¦bat d¡¯orientation au Conseil des chefs de secr¨¦tariat des organismes des Nations Unies pour la coordinationsur la question de l¡¯int¨¦gration de la pr¨¦vention des conflits et de la consolidation de la paix dans l¡¯ensemble des activit¨¦s men¨¦es par l¡¯Organisation ¨¤ l¡¯appui du Programme 2030. N¨¦anmoins, nombre de ces activit¨¦s ont ¨¦t¨¦ entreprises en l¡¯absence de ressources suffisantes express¨¦ment inscrites au budget ordinaire. Au cours de la p¨¦riode consid¨¦r¨¦e, je n¡¯ai pas r¨¦ussi ¨¤ convaincre suffisamment d¡¯?tats Membres de la n¨¦cessit¨¦ de cesser de recourir ¨¤ des ressources extrabudg¨¦taires sur lesquelles on ne saurait compter durablement pour assurer des activit¨¦s de pr¨¦vention et de m¨¦diation de la plus haute importance, et je le d¨¦plore. Je continuerai de saisir toutes les occasions qui me seront offertes de tenter de les convaincre.
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2. Op¨¦rations de paix?

Pendant la p¨¦riode consid¨¦r¨¦e, l¡¯ampleur des op¨¦rations des Nations Unies d¨¦ploy¨¦es est rest¨¦e ¨¤ son niveau le plus ¨¦lev¨¦. Pr¨¨s de 125 000 agents en tenue et membres du personnel civil originaires de plus de 100 pays d¨¦ploy¨¦s dans 16 missions de maintien de la paix, auxquels il faut ajouter plus de 3?600 fonctionnaires civils r¨¦partis dans 37 missions politiques sp¨¦ciales, ont continu¨¦ d¡¯?uvrer concr¨¨tement ¨¤ la paix et la s¨¦curit¨¦ au nom de l¡¯Organisation des Nations Unies dans maintes r¨¦gions du monde.

Plusieurs pays accueillant des missions de maintien de la paix ont connu des progr¨¨s. Ainsi, la r¨¦ussite des ¨¦lections en C?te d¡¯Ivoire a confirm¨¦ que le pays ¨¦tait bien engag¨¦ sur la voie d¡¯une paix durable et que les activit¨¦s de maintien de la paix pouvaient s¡¯achever. L¡¯accord de paix sign¨¦ au Mali a ouvert de nouvelles perspectives en mati¨¨re de gouvernance et de s¨¦curit¨¦ dans le nord du pays. En R¨¦publique centrafricaine, le Forum de Bangui sur la r¨¦conciliation nationale et les ¨¦lections qui ont suivi sa tenue ont pos¨¦ les jalons d¡¯une nouvelle phase de transition. Pourtant, d¡¯autres missions telles que la Mission des Nations Unies pour l¡¯organisation d¡¯un r¨¦f¨¦rendum au Sahara occidental, la Mission de l¡¯Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en R¨¦publique d¨¦mocratique du Congo, l¡¯Op¨¦ration hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour et la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud, sont rest¨¦es en butte ¨¤ bien des difficult¨¦s et en particulier ¨¤ des probl¨¨mes de consentement et de coop¨¦ration des gouvernements h?tes. Au Soudan du Sud, l¡¯application de l¡¯accord d¡¯ao?t 2015 a achopp¨¦ sur de nombreux obstacles d¨¦coulant de l¡¯incapacit¨¦ des dirigeants de surmonter leurs divergences. En mars 2016, la Mission des Nations Unies au Sahara occidental s¡¯est vue priv¨¦e de l¡¯essentiel de son personnel civil, expuls¨¦e de Laayoune ¨¤ la demande du Maroc, et s¡¯est trouv¨¦e incapable de mener les activit¨¦s prescrites en raison de difficult¨¦s jamais connues jusqu¡¯alors.

De plus en plus d¡¯op¨¦rations de paix interviennent dans des circonstances critiques consid¨¦r¨¦es comme dangereuses ¨¤ extr¨ºmement dangereuses. Pr¨¨s de 90?% du personnel des missions politiques sp¨¦ciales travaillent dans des pays en proie ¨¤ d¡¯intenses conflits. Par exemple, l¡¯Afghanistan a continu¨¦ d¡¯enregistrer un grand nombre de victimes du conflit, qui perdure. Caract¨¦ris¨¦e par une croissance faible et un ch?mage ¨¦lev¨¦, l¡¯¨¦conomie afghane se contracte et alimente les flux migratoires. De plus, les clivages politiques se creusent. Mon Repr¨¦sentant sp¨¦cial a soutenu les initiatives de paix et de r¨¦conciliation lanc¨¦es aux niveaux national et local. En Somalie, mon Repr¨¦sentant sp¨¦cial a continu¨¦ de coordonner ¨¦troitement ses activit¨¦s avec celles du Gouvernement f¨¦d¨¦ral, des dirigeants r¨¦gionaux et des partenaires internationaux afin que tous s¡¯entendent sur les principaux enjeux politiques ¨C r¨¦vision de la Constitution provisoire et consultations relatives aux ¨¦lections de 2016, notamment. En Iraq, mon Repr¨¦sentant sp¨¦cial a poursuivi sa mission de bons offices aupr¨¨s des dirigeants politiques du pays, de la soci¨¦t¨¦ civile et d¡¯autres interlocuteurs dans le dessein d¡¯instaurer un processus de r¨¦conciliation authentique et ouvert ¨¤ tous associant toutes les composantes de la soci¨¦t¨¦ iraquienne. R¨¦p¨¦tons-le?: il n¡¯y aura pas de stabilit¨¦ politique ¨¤ long terme en Iraq sans dialogue politique, sans la mise en ?uvre du programme de r¨¦forme du Premier Ministre et sans une am¨¦lioration de la situation ¨¦conomique et des conditions de s¨¦curit¨¦.

Pour plusieurs op¨¦rations de maintien de la paix, l¡¯importance des distances pose un probl¨¨me qui vient s¡¯ajouter ¨¤ celui de l¡¯ins¨¦curit¨¦. La Mission multidimensionnelle int¨¦gr¨¦e des Nations Unies pour la stabilisation au Mali est sous la menace persistante des groupes arm¨¦s terroristes, et son personnel risque sa vie. S¡¯il est g¨¦n¨¦ralement admis que les op¨¦rations de maintien de la paix n¡¯ont pas pour but de lutter contre le terrorisme, le cas du Mali montre que, l¨¤ o¨´ elles sont la cible de combattants menant une guerre asym¨¦trique, il faut leur donner les moyens de se prot¨¦ger et de s¡¯acquitter de leur mandat.

En ce qui concerne les services d¡¯appui, l¡¯Organisation s¡¯est efforc¨¦e avec une certaine r¨¦ussite de tirer le meilleur parti possible de la technologie pour aider les op¨¦rations de paix ¨¤ remplir leur mission plus efficacement tout en ¨¦tant mieux prot¨¦g¨¦es, et pour accro?tre l¡¯efficience et le rapport co?t-efficacit¨¦ des activit¨¦s d¡¯appui et limiter la main-d¡¯?uvre n¨¦cessaire. Ramen¨¦es au nombre de membres du personnel, les d¨¦penses, en particulier les d¨¦penses d¡¯appui, ont encore ¨¦t¨¦ r¨¦duites et 70 % du personnel des missions b¨¦n¨¦ficient ¨¤ pr¨¦sent d¡¯un ou plusieurs accords de services partag¨¦s. Nous avons ¨¦galement pris de vigoureuses mesures de limitation de l¡¯impact environnemental des op¨¦rations de maintien de la paix en ¨¦laborant, avec le Programme des Nations Unies pour l¡¯environnement, un partenariat d¡¯assistance technique et en nous donnant les moyens de coordonner les dispositions prises pour r¨¦duire l¡¯empreinte ¨¦cologique globale des op¨¦rations dans les domaines de l¡¯¨¦nergie, des d¨¦chets, de l¡¯eau et des eaux us¨¦es, entre autres. La bonne gestion de l¡¯environnement occupe une place de plus en plus importante dans la planification des missions, et il est pr¨¦vu de mettre en place un syst¨¨me de suivi et de gestion des r¨¦sultats.

Pour que nous soyons mieux arm¨¦s face ¨¤ l¡¯ampleur, ¨¤ l¡¯intensit¨¦ et aux fluctuations des conflits, j¡¯ai mis sur pied le Groupe ind¨¦pendant de haut niveau charg¨¦ d¡¯¨¦tudier les op¨¦rations de paix qui, dans son rapport publi¨¦ en juin 2015, a fa?onn¨¦ une nouvelle conception des op¨¦rations de paix. En r¨¦ponse, j¡¯ai publi¨¦ en septembre 2015 un ambitieux programme de r¨¦formes d¡¯une importance strat¨¦gique, que le ³§±ð³¦°ù¨¦³Ù²¹°ù¾±²¹³Ù a entrepris de mettre ¨¤ ex¨¦cution. Lors du Sommet sur le maintien de la paix du 28 septembre 2015, dont j¡¯ai assur¨¦ la pr¨¦sidence avec neuf chefs d¡¯?tat et de gouvernement, les dirigeants pr¨¦sents ont d¨¦cid¨¦ de renforcer le partenariat ¨¦tabli aux fins du maintien de la paix en jetant les bases d¡¯une nouvelle conception novatrice et interr¨¦gionale du maintien de la paix. ? cette occasion, 60 ?tats Membres se sont engag¨¦s ¨¤ mettre ¨¤ la disposition de l¡¯Organisation plus de 40?000 policiers et militaires. Le nombre de pays fournissant du personnel a donc augment¨¦ et le caract¨¨re universel du maintien de la paix a ainsi ¨¦t¨¦ r¨¦affirm¨¦.

Ces initiatives ont envoy¨¦ un signal politique fort et mis en avant la volont¨¦ d¡¯avoir des op¨¦rations de paix efficaces dans un monde en pleine ¨¦volution. Beaucoup a ¨¦t¨¦ fait pendant la p¨¦riode consid¨¦r¨¦e pour concr¨¦tiser le plus grand nombre possible d¡¯id¨¦es ¨¦voqu¨¦es et d¡¯engagements pris. Un ¨¦l¨¦ment central du programme de r¨¦formes est le renforcement de la planification des op¨¦rations de paix et de leur direction. Pour ce faire, le ³§±ð³¦°ù¨¦³Ù²¹°ù¾±²¹³Ù a intensifi¨¦ ses efforts visant ¨¤ renforcer les capacit¨¦s et ¨¤ am¨¦liorer les r¨¦sultats des op¨¦rations de maintien de la paix. Il a notamment veill¨¦ ¨¤ ce que le personnel en tenue re?oive la formation et le mat¨¦riel n¨¦cessaires pour pouvoir r¨¦agir de fa?on optimale dans les situations difficiles, ¨¤ renforcer le cadre d¡¯¨¦valuation des r¨¦sultats militaires ¨¦labor¨¦ avec l¡¯assentiment g¨¦n¨¦ral et ¨¤ ¨¦tablir des syst¨¨mes de commandement et de contr?le r¨¦actifs et efficaces.

3.?Protection des civils?

Il est regrettable de constater que, dans nombre de r¨¦gions en conflit, les civils ont cette ann¨¦e encore ¨¦t¨¦ victimes d¡¯atrocit¨¦s, de graves violations du droit international humanitaire et d¡¯atteintes aux droits de l¡¯homme. Pour les en prot¨¦ger et leur permettre d¡¯exercer leurs droits fondamentaux, l¡¯Organisation des Nations Unies a men¨¦ des initiatives diversifi¨¦es. Elle a aid¨¦ les ?tats Membres ¨¤ se munir d¡¯un arsenal de pr¨¦vention et de r¨¦pression des actes de barbarie et ¨¤ renforcer les moyens dont ils disposaient en la mati¨¨re, ainsi qu¡¯¨¤ faire r¨¦gner l¡¯¨¦tat de droit, le tout dans le strict respect du droit international des droits de l¡¯homme. Le Conseil de s¨¦curit¨¦ a de nouveau demand¨¦ que le droit international humanitaire et le droit international des droits de l¡¯homme soient respect¨¦s, et que les auteurs d¡¯infractions et d¡¯atteintes ¨¤ ces droits, en particulier les auteurs d¡¯exactions graves commises sur la personne d¡¯enfants, soient traduits en justice. Des progr¨¨s remarquables ont ¨¦t¨¦ accomplis dans la lutte contre le recrutement et l¡¯utilisation d¡¯enfants par les forces arm¨¦es officielles, gr?ce ¨¤ l¡¯incrimination du recrutement d¡¯enfants et ¨¤ l¡¯instauration de proc¨¦dures de v¨¦rification de l¡¯?ge. L¡¯Organisation est aussi intervenue aupr¨¨s de plusieurs groupes arm¨¦s non ¨¦tatiques inscrits sur la liste annex¨¦e ¨¤ mon rapport annuel sur le sort des enfants en temps de conflit arm¨¦ qui sont actifs en Colombie, au Myanmar, aux Philippines, au Soudan et au Soudan du Sud. Les pourparlers sur les plans d¡¯¨¦limination et de pr¨¦vention des violations des droits des enfants ont ¨¦t¨¦ particuli¨¨rement fructueux dans les pays o¨´ un processus de paix ¨¦tait en cours et ceux qui s¡¯employaient ¨¤ appliquer des accords. Le 15 mai, le Gouvernement colombien et les Forces arm¨¦es r¨¦volutionnaires de Colombie ¨C Arm¨¦e populaire (FARC-EP) ont annonc¨¦ qu¡¯ils avaient d¨¦cid¨¦ qu¡¯il ne devait plus y avoir de mineurs de moins de 15 ans dans les camps tenus par les FARC-EP et qu¡¯ils allaient mettre au point un plan g¨¦n¨¦ralisant cette mesure ¨¤ tous les mineurs.

Pour ce qui est de r¨¦gler le probl¨¨me de l¡¯absence de responsables identifiables et de l¡¯¨¦tablissement des responsabilit¨¦s en mati¨¨re de violences sexuelles li¨¦es aux conflits, des progr¨¨s consid¨¦rables ont ¨¦t¨¦ faits dans le cadre d¡¯activit¨¦s men¨¦es avec des groupes arm¨¦s et des parties ¨¤ des processus de paix. Dans leur annonce conjointe relative aux victimes en date du 15 d¨¦cembre 2015, le Gouvernement colombien et les FARC-EP ont d¨¦clar¨¦ que les crimes les plus graves ne seraient pas amnistiables, notamment les actes de violence sexuelle li¨¦s au conflit.?En C?te d¡¯Ivoire, en R¨¦publique d¨¦mocratique du Congo, en Guin¨¦e et au Soudan du Sud, nous nous sommes battus avec un certain succ¨¨s en faveur, respectivement, de condamnations, d¡¯inculpations, de la mise en place d¡¯un cadre d¡¯application et de l¡¯adoption d¡¯un code de conduite.

Dans le m¨ºme temps, de nouveaux probl¨¨mes et des menaces inattendues se sont fait jour. On a constat¨¦ un parall¨¦lisme sans ¨¦quivoque entre la mont¨¦e de l¡¯extr¨¦misme violent et la multiplication des actes de violence sexuelle atroces commis par des groupes extr¨¦mistes en Iraq et en R¨¦publique arabe syrienne, mais aussi en Libye, au Mali, au Nig¨¦ria, en Somalie et au Y¨¦men. Viol, esclavage sexuel, mariage, grossesse et avortement forc¨¦s y rev¨ºtent souvent la forme de pers¨¦cutions religieuses et ethniques. Le Conseil de s¨¦curit¨¦ a fait part de sa vive inqui¨¦tude ¨¤ cet ¨¦gard et renforc¨¦ le dispositif de sanctions visant ¨¤ r¨¦primer le financement du terrorisme de fa?on ¨¤ ce que l¡¯EIIL soit express¨¦ment vis¨¦. Il a aussi condamn¨¦ les enl¨¨vements de femmes et d¡¯enfants aux fins de leur exploitation sexuelle, de leur traite, de leur vente et du paiement de ran?ons. Cela ne doit pas nous faire oublier que d¡¯autres bellig¨¦rants, arm¨¦es officielles ou groupes non ¨¦tatiques, demeurent responsables d¡¯actes de violence sexuelle li¨¦s ¨¤ un conflit et d¡¯autres manquements ¨¤ leurs obligations au regard du droit international humanitaire, et qu¡¯ils continuent de faire fi des droits les plus ¨¦l¨¦mentaires des civils, des malades et des bless¨¦s, ainsi que des soldats hors de combat.

En 2015, l¡¯¨¦tude mondiale et l¡¯examen de haut niveau sur l¡¯application de la r¨¦solution 1325 (2000) du Conseil de s¨¦curit¨¦ sur les femmes et la paix et la s¨¦curit¨¦ ont montr¨¦ avec force que l¡¯¨¦mancipation des femmes et leur participation ¨¦taient un facteur de r¨¦ussite en mati¨¨re de pourparlers de paix, de pr¨¦vention des conflits et de redressement ¨¦conomique, ainsi qu¡¯en ce qui concerne l¡¯efficacit¨¦ de l¡¯aide humanitaire et les chances de paix durable. Il est ressorti de toutes les analyses que la question des femmes et de la paix et la s¨¦curit¨¦ ¨¦tait centrale pour toutes les activit¨¦s de l¡¯Organisation des Nations Unies. Parmi les mesures qui sont prises actuellement pour donner suite aux recommandations, on compte de nouvelles initiatives visant ¨¤ donner aux op¨¦rations de paix des moyens d¡¯analyser les disparit¨¦s li¨¦es au sexe, ¨¤ multiplier le nombre de femmes engag¨¦es dans les activit¨¦s de maintien de la paix et ¨¤ accro?tre les moyens de financement des projets ayant trait ¨¤ la question des femmes et de la paix et la s¨¦curit¨¦. Beaucoup de recommandations ont ¨¦t¨¦ prises en compte par le Conseil de s¨¦curit¨¦ dans sa r¨¦solution 2242 (2015), qui pr¨¦voit notamment la cr¨¦ation d¡¯un groupe informel d¡¯experts charg¨¦ de la question des femmes et de la paix et la s¨¦curit¨¦, afin de mieux int¨¦grer le programme dans ses autres travaux et de garantir la participation des femmes, y compris dans des fonctions de direction, ¨¤ l¡¯¨¦laboration de strat¨¦gies de lutte contre le terrorisme et l¡¯extr¨¦misme violent.

Enfin, s¡¯agissant de la protection des civils, je suis scandalis¨¦ par certaines atteintes port¨¦es ¨¤ des civils par les personnes m¨ºmes qui ¨¦taient charg¨¦es de les prot¨¦ger, ¨¤ savoir des membres du personnel des Nations Unies et de forces nationales agissant sous mandat de l¡¯Organisation. L¡¯exploitation et les atteintes sexuelles ont bris¨¦ des vies et f?cheusement entach¨¦ l¡¯image de l¡¯Organisation. J¡¯ai pris des mesures r¨¦solues pour lutter contre ce fl¨¦au. Ainsi, en R¨¦publique centrafricaine, j¡¯ai demand¨¦ une enqu¨ºte ind¨¦pendante sur la fa?on dont nous avions trait¨¦ l¡¯affaire. Compte tenu de ses conclusions, j¡¯ai nomm¨¦ un coordonnateur sp¨¦cial qui doit nous aider ¨¤ mieux pr¨¦venir les atteintes et ¨¤ traiter les affaires dans les meilleurs d¨¦lais, de fa?on transparente, en prenant des mesures quantifiables et en communiquant. En f¨¦vrier 2016, j¡¯ai annonc¨¦ dans un rapport d¡¯autres mesures visant ¨¤ am¨¦liorer la supervision des op¨¦rations et ¨¤ renforcer l¡¯application du principe de responsabilit¨¦ dans les domaines de la pr¨¦vention, de la r¨¦pression et des r¨¦parations (A/70/729). La responsabilisation est l¡¯affaire de tous et exige que les ?tats Membres se mobilisent sans r¨¦serve.

4.?Missions en transition

Pendant la p¨¦riode consid¨¦r¨¦e, trois missions de maintien de la paix ??l¡¯Op¨¦ration des Nations Unies en C?te d¡¯Ivoire, la Mission des Nations Unies au Lib¨¦ria et la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Ha?ti?¨C ont proc¨¦d¨¦ ¨¤ une reconfiguration majeure devant aboutir ¨¤ la r¨¦duction progressive des effectifs et au retrait complet de ceux-ci, et une mission politique sp¨¦ciale ¨C?la Mission ¨¦lectorale des Nations Unies au Burundi?¨C a achev¨¦ son mandat et ferm¨¦ ses portes en d¨¦cembre 2015. Des ¨¦valuations strat¨¦giques ont ¨¦t¨¦ pr¨¦vues (Lib¨¦ria et Ha?ti) ou ont eu lieu (C?te d¡¯Ivoire) pendant la p¨¦riode, de fa?on ¨¤ bien g¨¦rer la transition, ¨¤ lever toute incertitude, ¨¤ ¨¦viter tout vide du pouvoir ou toute reprise du conflit et ¨¤ pr¨¦parer les gouvernements du pays h?te et les acteurs des Nations Unies qui restent dans le pays ¨¤ la phase faisant suite au retrait de la mission. Elles aideront ¨¤ obtenir une compr¨¦hension commune des besoins restants en mati¨¨re de consolidation de la paix qui orientera les mesures prises pendant et apr¨¨s la transition.

L¡¯¨¦tablissement d¡¯institutions l¨¦gitimes, la promotion de la bonne gouvernance et la mise en place d¡¯autorit¨¦s nationales repr¨¦sentatives et associant toutes les parties sont des ¨¦l¨¦ments essentiels dont il convient de tenir compte si l¡¯on veut consolider durablement la paix et la stabilit¨¦; ils ouvrent la voie ¨¤ un retrait progressif des op¨¦rations de paix. Toutefois, pour que ces efforts donnent de bons r¨¦sultats, il faut que le gouvernement du pays h?te et les parties prenantes nationales donnent leur accord strat¨¦gique et prennent les choses en main. La Mission multidimensionnelle int¨¦gr¨¦e des Nations Unies pour la stabilisation en R¨¦publique centrafricaine collabore avec les parties prenantes nationales et les partenaires internationaux ¨¤ l¡¯¨¦tablissement d¡¯un accord qui vise ¨¤ d¨¦finir les priorit¨¦s communes et ¨¤ encourager le respect mutuel du principe de responsabilit¨¦ en ce qui concerne les mesures prises pour p¨¦renniser la paix.

5. P¨¦rennisation de la paix

L¡¯Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale et le Conseil de s¨¦curit¨¦ ont adopt¨¦ des r¨¦solutions qui ont fait date sur l¡¯examen du dispositif de consolidation de la paix de l¡¯Organisation des Nations Unies, ¨¤ savoir les r¨¦solutions 70/262 et 2282 (2016). La p¨¦rennisation de la paix, notion d¨¦finie dans les r¨¦solutions, doit d¨¦sormais ¨ºtre au c?ur de l¡¯action de l¡¯Organisation?: il importe de donner la priorit¨¦ ¨¤ la pr¨¦vention des conflits violents ¨¤ chaque stade d¡¯une crise et dans toutes les composantes de l¡¯action de l¡¯ONU. Dans leurs r¨¦solutions, l¡¯Assembl¨¦e et le Conseil ont ¨¦galement soulign¨¦ l¡¯importance que rev¨ºtaient l¡¯instauration de partenariats avec les organisations r¨¦gionales et sous-r¨¦gionales et les institutions financi¨¨res internationales, l¡¯application du principe d¡¯ouverture, notamment ¨¤ l¡¯¨¦gard des femmes et des jeunes, et la mise en ?uvre de strat¨¦gies centr¨¦es sur l¡¯¨ºtre humain si l¡¯on voulait que la consolidation de la paix porte ses fruits. J¡¯ai ¨¦t¨¦ invit¨¦ ¨¤ rendre compte ¨¤ l¡¯Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale ¨¤ sa soixante-douzi¨¨me session de la suite donn¨¦e aux r¨¦solutions, et notamment ¨¤ lui proposer des mesures qui permettraient de financer de fa?on suffisante et pr¨¦visible les activit¨¦s de consolidation de la paix des Nations Unies, au moyen notamment de contributions statutaires et de contributions volontaires. J¡¯accueille favorablement cette demande et j¡¯engage vivement les ?tats Membres ¨¤ prendre les d¨¦cisions voulues afin de fournir une assise financi¨¨re solide aux activit¨¦s que nous menons pour p¨¦renniser la paix.

Cheville ouvri¨¨re de la p¨¦rennisation de la paix dans les pays en proie ¨¤ un conflit, la Commission de consolidation de la paix poursuit son action au Burundi, en R¨¦publique centrafricaine, en Guin¨¦e, en Guin¨¦e-Bissau, au Lib¨¦ria et en Sierra Leone. Pendant la p¨¦riode consid¨¦r¨¦e, elle s¡¯est dot¨¦e de m¨¦thodes de travail plus souples, elle a renforc¨¦ ses partenariats avec les organisations r¨¦gionales et sous-r¨¦gionales et continu¨¦ ¨¤ mettre l¡¯accent sur les besoins nationaux et r¨¦gionaux en mati¨¨re de consolidation de la paix dans la p¨¦riode de rel¨¨vement apr¨¨s l¡¯Ebola. La Commission a fait une grande place aux priorit¨¦s r¨¦gionales et aux priorit¨¦s th¨¦matiques, notamment aux probl¨¨mes transfronti¨¨res et transnationaux, au financement de la consolidation de la paix, aux questions int¨¦ressant les jeunes, ¨¤ la probl¨¦matique hommes-femmes et ¨¤ la transition, et examin¨¦ les besoins en mati¨¨re de consolidation de la paix et les enseignements tir¨¦s dans plusieurs pays, dont le Burkina Faso, la Papouasie-Nouvelle-Guin¨¦e et la Somalie.

En 2015, le Fonds pour la consolidation de la paix a attribu¨¦ un montant de 77,9 millions de dollars ¨¤ 14 pays et a consacr¨¦ une portion importante de ce montant ¨¤ des activit¨¦s prioritaires dans des pays tels que la Guin¨¦e-Bissau, Madagascar, le Niger, la R¨¦publique centrafricaine et la Somalie. Pour la premi¨¨re fois, le Fonds a ¨¦galement r¨¦ussi ¨¤ atteindre l¡¯objectif que j¡¯avais fix¨¦, ¨¤ savoir consacrer 15,7 % des montants ¨¤ des initiatives ax¨¦es principalement sur l¡¯¨¦galit¨¦ des sexes et l¡¯autonomisation des femmes. J¡¯ai demand¨¦ au Fonds de soutenir l¡¯action engag¨¦e une nouvelle fois par les entit¨¦s des Nations Unies ¨¤ Sri?Lanka afin d¡¯aider le nouveau gouvernement ¨¤ renforcer la confiance du peuple dans son programme de r¨¦conciliation, de responsabilisation et de justice transitionnelle. Malheureusement, le Fonds n¡¯a re?u que 53,5?millions de dollars de la part des donateurs, ce qui repr¨¦sente l¡¯un de ses plus mauvais r¨¦sultats ¨C?le troisi¨¨me?¨C depuis les premi¨¨res annonces de contributions en 2006. S¡¯il ne re?oit pas de nouvelles contributions, il ne pourra donc pas atteindre le montant cible de 100 millions de dollars en ce qui concerne les allocations annuelles en 2016. Cela signifie que nous passons ¨¤ c?t¨¦ d¡¯occasions cruciales de garantir la coh¨¦rence strat¨¦gique et de faciliter des activit¨¦s politiquement risqu¨¦es mais n¨¦cessaires. Cela montre ¨¦galement l¡¯¨¦cart qui existe entre les normes et la r¨¦alit¨¦ quand il s¡¯agit de pr¨¦venir les conflits et de p¨¦renniser la paix, ¨¦cart qu¡¯il est indispensable de combler car il en va de la vie de millions de personnes.

?6. Transitions et ¨¦lections d¨¦mocratiques

La fourniture d¡¯un appui ¨¦lectoral aux ?tats Membres a continu¨¦ d¡¯¨ºtre une question prioritaire pendant la p¨¦riode consid¨¦r¨¦e. L¡¯ONU a fourni une assistance ¨¦lectorale ¨¤ 67 pays. Bon nombre d¡¯entre eux b¨¦n¨¦ficiaient aussi des bons offices de l¡¯Organisation. L¡¯accent a ¨¦t¨¦ mis sur les mesures de nature ¨¤ renforcer la confiance dans les processus ¨¦lectoraux et sur l¡¯aide ¨¤ apporter de fa?on ¨¤ parvenir ¨¤ une issue pacifique. L¡¯ONU a continu¨¦ ¨¤ formuler des conseils techniques ¨¤ l¡¯intention des ?tats Membres, qui ont port¨¦ sur la conception de syst¨¨mes ¨¦lectoraux ouverts, la r¨¦forme des r¨¦gimes ¨¦lectoraux de sorte que ceux-ci b¨¦n¨¦ficient d¡¯un large appui de la part des parties prenantes et la cr¨¦ation d¡¯organes de gestion des ¨¦lections qui soient consid¨¦r¨¦s comme ¨¦tant v¨¦ritablement impartiaux, honn¨ºtes et comp¨¦tents. La probl¨¦matique hommes-femmes a ¨¦t¨¦ syst¨¦matiquement prise en consid¨¦ration dans toutes les activit¨¦s et politiques d¡¯assistance ¨¦lectorale.

En Guin¨¦e, l¡¯ONU a aid¨¦ le Gouvernement et l¡¯opposition ¨¤ sortir de l¡¯impasse dans laquelle ils se trouvaient et ¨¤ renouer le dialogue politique sur le processus ¨¦lectoral, ouvrant la voie ¨¤ l¡¯organisation de l¡¯¨¦lection pr¨¦sidentielle de 2015 dans les d¨¦lais pr¨¦vus. Des ¨¦changes diplomatiques de haut niveau ont eu lieu afin de faciliter la tenue des cinqui¨¨mes ¨¦lections g¨¦n¨¦rales au Nig¨¦ria en 2015. Mon Repr¨¦sentant sp¨¦cial pour l¡¯Afrique centrale a ¨¦galement tent¨¦ d¡¯apaiser les tensions entourant certaines ¨¦lections organis¨¦es dans la r¨¦gion, chargeant des ¨¦quipes interinstitutions de surveiller la situation sur le terrain, de rendre compte de l¡¯¨¦volution de la situation et de faciliter les missions de bons offices. Cela a notamment ¨¦t¨¦ le cas en R¨¦publique du Congo. Au Burkina Faso, l¡¯ONU a accompagn¨¦ une transition d¨¦licate et souvent tendue qui a pris fin avec l¡¯entr¨¦e en fonctions du Pr¨¦sident Kabor¨¦ en d¨¦cembre 2015. Mon Repr¨¦sentant sp¨¦cial pour l¡¯Afrique de l¡¯Ouest et le Sahel a ¨¦galement exerc¨¦ ses bons offices afin de promouvoir des ¨¦lections pacifiques au Niger en mars-avril 2016. Des experts ont ¨¦t¨¦ d¨¦ploy¨¦s ¨¤ la demande du Gouvernement fran?ais afin de faciliter l¡¯¨¦tablissement d¡¯une nouvelle liste ¨¦lectorale dans la perspective d¡¯un r¨¦f¨¦rendum sur le futur statut de la Nouvelle-Cal¨¦donie organis¨¦ dans le cadre de l¡¯accord de?Noum¨¦a.

L¡¯ONU a continu¨¦ ¨¤ apporter un appui technique aux ¨¦lections organis¨¦es dans un certain nombre de pays, dans le cadre d¡¯un mandat ¨¦manant du Conseil de s¨¦curit¨¦. En C?te d¡¯Ivoire, mon Repr¨¦sentant sp¨¦cial a renforc¨¦ la confiance entre les parties, les aidant ¨¤ surmonter leurs d¨¦saccords sur des questions ¨¦pineuses de nature ¨¤ retarder les ¨¦lections. L¡¯Op¨¦ration des Nations Unies en C?te d¡¯Ivoire a fourni un soutien logistique dont le besoin se faisait cruellement sentir. La Mission ¨¦lectorale des Nations Unies au Burundi a observ¨¦ les principaux scrutins organis¨¦s dans le pays en 2015 et conclu que l¡¯environnement g¨¦n¨¦ral n¡¯¨¦tait pas propice au d¨¦roulement d¡¯un processus ¨¦lectoral libre, cr¨¦dible et associant toutes les parties, constatation qui allait dans le sens de celles auxquelles ¨¦taient parvenues l¡¯Union africaine et les organisations sous-r¨¦gionales.

Les conditions dans lesquelles l¡¯assistance ¨¦lectorale a ¨¦t¨¦ apport¨¦e ont ¨¦t¨¦ dans certains cas tr¨¨s complexes et fragiles. En R¨¦publique centrafricaine, nous avons aid¨¦ les parties prenantes nationales ¨¤ veiller ¨¤ ce que les ¨¦lections pr¨¦sidentielle et l¨¦gislatives organis¨¦es en 2015/16 soient cr¨¦dibles et pacifiques. Un appui technique a ¨¦t¨¦ apport¨¦ ¨¤ la r¨¦forme ¨¦lectorale et aux pr¨¦paratifs des ¨¦lections parlementaires et des ¨¦lections des conseils de district en Afghanistan. Dans la perspective des ¨¦lections pr¨¦sidentielle et l¨¦gislatives de 2015/16, l¡¯Organisation a ¨¦galement continu¨¦ ¨¤ faire b¨¦n¨¦ficier Ha?ti d¡¯un appui ¨¦lectoral technique dans un contexte politique complexe et tendu.

Au-del¨¤ des ¨¦lections, l¡¯ONU a apport¨¦ son concours ¨¤ la transition d¨¦mocratique dans le cadre d¡¯une m¨¦diation politique et d¡¯un appui aux efforts nationaux visant ¨¤ renforcer l¡¯application du principe de responsabilit¨¦ et l¡¯¨¦tat de droit et ¨¤ plaider en faveur des organisations de la soci¨¦t¨¦ civile, qui sont malheureusement victimes de restrictions sans cesse plus s¨¦v¨¨res dans de plus en plus de pays. Les parlements sont rest¨¦s des partenaires clefs pendant la p¨¦riode consid¨¦r¨¦e. L¡¯ONU a conclu deux accords historiques ¨C le Programme de d¨¦veloppement durable ¨¤ l¡¯horizon 2030 et le Cadre de Sendai pour la r¨¦duction des risques de catastrophe ¨C dans lesquels il est express¨¦ment question du r?le jou¨¦ par les parlements en ce qui concerne l¡¯application effective des engagements internationaux par les autorit¨¦s nationales. Un grand nombre d¡¯entit¨¦s des Nations Unies ont continu¨¦ ¨¤ apporter leur concours ¨¤ de nombreux parlements nationaux.