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30 juin 2023

Le lien entre les forêts et la santé humaine

Les forêts couvrent près d’un tiers des terres émergées. Elles procurent à toutes les populations, directement ou indirectement, d’importants effets bénéfiques sur la santé. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit la santé comme ??un état de complet de bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité??. Ainsi, le concept de santé comprend non seulement le traitement des maladies, mais aussi leur prévention et le bien-être.

Les effets bénéfiques des forêts sur la santé, et leur importance, varient selon les régions, qu’elles soient rurales ou urbaines, et selon la localisation des forêts par rapport aux établissements humains.?D’une manière générale, ces effets bénéfiques comprennent la nutrition ainsi que la prévention et le traitement des maladies. Tout d’abord, les forêts sont une source directe d’aliments nutritifs et de plantes médicinales et fournissent des combustibles pour la stérilisation de l’eau. La malnutrition constituant la première cause de l’immunodéficience dans le monde, une alimentation saine est essentielle à la santé humaine. Ensuite, les forêts assurent des fonctions écosystémiques indispensables qui soutiennent la production vivrière?: leur contribution à la disponibilité en eau douce, à la fertilité des sols et à la biodiversité est vitale, la sécurité de l’approvisionnement alimentaire mondial. Enfin, les activités axées sur les forêts sont bénéfiques sur la santé mentale en réduisant le stress et l’anxiété et peuvent atténuer les effets causés par la dépression ainsi que par d’autres problèmes de santé mentale.

Pour les populations vivant dans les forêts ou à proximité, les autres effets bénéfiques sur la santé comprennent la disponibilité d’une grande variété de produits forestiers riches en nutriments, comme des fruits, des feuilles, des noix et des graines, des champignons, du miel, de la viande d’espèces sauvages ainsi que des insectes. Si ces aliments ne jouent qu’un r?le mineur dans l’apport calorique, ils constituent une part importante des aliments communément consommés par les populations rurales, qui sont souvent pauvres et confrontées à l’insécurité alimentaire. Les forêts sont aussi une réserve de plantes médicinales. Selon l’OMS, au moins 80 % de la population mondiale dépend de la médecine traditionnelle pour couvrir la plupart des besoins en soins de santé primaires. La connaissance locale des plantes médicinales constitue une part importante des systèmes de soins de santé traditionnels. Plus d’un milliard de personnes dans le monde ont recours à des plantes médicinales ou à des remèdes artisanaux pour traiter la diarrhée chez l’enfant. De plus, les forêts fournissent des combustibles ligneux pour la cuisson, un avantage qui, cependant, comporte des risques. Au niveau mondial, plus de 75?% des ménages ruraux ainsi que 20?% des ménages urbains dépendent principalement de ces combustibles pour la cuisson et 10 % de la population mondiale les utilise pour faire bouillir l’eau afin de la rendre potable. La fumée de ces combustibles solides peut, cependant, accro?tre le risque de certaines maladies, comme les accidents vasculaires cérébraux et les maladies pulmonaires, notamment le cancer du poumon. Enfin, les forêts ont souvent une importance culturelle qui est essentielle à la santé des personnes et des communautés vivant dans les forêts ou à proximité. Les populations autochtones associent souvent la santé de la forêt à l’amélioration du bien-être collectif et communautaire au sens large, conscientes du lien entre des terres saines et une population en bonne santé. Dans ces cultures, on a observé que la dégradation des forêts et la déforestation provoquaient des problèmes de santé mentale.

Pour les personnes vivant dans les régions urbaines et dans les sociétés industrialisées, les effets bénéfiques sur la santé sont quelque peu différents. Comme pour les populations rurales, la consommation directe de produits forestiers contribue également à la santé des citadins. L’urbanisation est généralement associée à une transition nutritionnelle qui se traduit par une plus grande consommation de sucre et d’aliments transformés qui, associée à un exercice physique limité, contribue à l’augmentation du surpoids, de l’obésité et des maladies non transmissibles. Les produits forestiers peuvent contribuer à contrer cette tendance en offrant diverses alternatives nutritives. En outre, les forêts jouent un r?le majeur dans le développement de produits pharmaceutiques à base de plantes, bien qu’ils soient fournis?de manière disproportionnée dans les pays qui accueillent les sociétés pharmaceutiques plut?t que dans les pays d’origine. Les pays en développement fournissent deux tiers des plantes utilisées dans les systèmes médicaux modernes. Il est de plus en plus évident qu’il existe une relation positive entre l’exposition aux forêts et le bien-être physique, social et culturel, autant de pierres angulaires d’une bonne santé. Selon des études menées en Chine, au Japon et en République de Corée, une visite dans un environnement forestier fait baisser la tension artérielle et la fréquence cardiaque, réduit le taux de cortisol, calme le système nerveux sympathique, qui prépare l’organisme à l’action ou à la fuite lorsqu’il existe un danger potentiel, et stimule le système nerveux parasympathique, qui empêche le surmenage et favorise le calme et l’apaisement. Enfin, les forêts situées dans les zones urbaines ou à proximité offrent des effets bénéfiques préventifs sur la santé gr?ce à des activités récréatives et atténuent les effets négatifs de la pollution et des vagues de chaleur.

Dans la forêt classée de Chichawatni, au Pakistan, des nomades ramassent du combustible ligneux pour la cuisson, 16 mars 2016. Tahsin Shah/CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons.

Les défis actuels

Un certain nombre de tendances érodent les effets bénéfiques des forêts sur la santé. Dans de nombreux pays en développement, la déforestation, le changement climatique, l’urbanisation ainsi que la croissance économique entra?nent une modification du régime alimentaire des communautés rurales qui vivent dans les forêts ou à proximité. La baisse de la disponibilité des terres et de l’accès aux produits forestiers ainsi que l’augmentation des revenus et la disponibilité des aliments transformés entra?nent une augmentation de la consommation d’une nourriture riche en calories au détriment des régimes alimentaires traditionnels. Ces facteurs contribuent à l’augmentation des taux de surpoids et d’obésité ainsi qu’à celle des maladies non transmissibles qui y sont associées. Cette situation est particulièrement préjudiciable lorsque les taux de maladies infectieuses restent élevés en raison du manque d’hygiène et de services de santé. En outre, les mêmes tendances à la déforestation, au changement climatique et à l’urbanisation engendrent des déséquilibres dans les écosystèmes forestiers, comme des changements dans l’abondance ou la propagation de certaines espèces, ce qui favorise l’émergence de pathogènes qui pourraient avoir un effet négatif sur les écosystèmes ou sur l’homme d? à l’apparition de nouvelles maladies zoonotiques. Par exemple, des modifications du paysage, telles que la construction de routes et la conversion agricole, ont entra?né des épidémies de paludisme, tandis que des maladies comme le VIH et la maladie à virus Ebola sont apparues chez des personnes ayant été en contact avec des animaux sauvages. En effet, .

Les mesures que nous pouvons prendre en tant que communauté mondiale

Pour garantir les bienfaits des forêts sur la santé humaine et les améliorer, il faut à la fois préserver les écosystèmes, gérer les ressources de manière durable et assurer un accès équitable continu à ces bienfaits, en particulier face au changement climatique. La communauté mondiale et, en particulier, les décideurs nationaux doivent adopter une approche ??Une seule santé?? à multiples facettes reconnaissant l’interdépendance entre la santé humaine, la santé des végétaux et la santé des animaux. Les ressources forestières doivent être gérées de manière durable et, lorsque les forêts sont converties à d’autres fins (par exemple pour l’agriculture ou des besoins urbains), les changements doivent être effectués de fa?on à minimiser les perturbations pour la faune et l’écosystème afin d’éviter l’émergence de maladies. Il est nécessaire d’investir dans l’amélioration des données et l’évaluation des effets bénéfiques des forêts sur la santé, et les indicateurs sur la santé humaine, forestière et animale doivent être analysés conjointement dans le cadre de processus politiques intersectoriels. Il incombe à l’Organisation des Nations Unies et à ses institutions spécialisées d’aider les pays à faire progresser cet ordre du jour dans l’intérêt de notre santé et de celle des générations futures.

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